Dès le mois d’octobre 2020, NPA Conseil relevait que la perte à prévoir pour la Ligue 1 excédait les 500 M€ cette saison. Sur les seuls postes billetterie, merchandising et sponsoring et sans inclure, donc, le sujet des droits TV dont l’issue était alors incertaine. Compte tenu de l’évolution de la crise sanitaire et, notamment du second confinement, NPA Conseil réévaluait en fin d’année son estimation à 1 Md€ ; la LFP l’a portée depuis à 1,3 Md€.
A eux seuls, ces chiffres témoignent que l’accord finalement trouvé avec Canal+, et qui lui permet de diffuser l’intégralité de la fin de la saison en exclusivité, a été négocié avec un pistolet sur la tempe par les instances du football français.
Au final, et une fois le mirage Mediapro dissipé, la perte sur les recettes de droits TV aura été contenue à moins de 10 % par rapport à ce que touchaient les clubs lors du cycle 2016/2020. Le retour à la réalité sera plus compliqué pour les cigales, qui avaient dépensé par anticipation une partie de la manne attendue lors du mercato d’hiver 2019 ; elle sera plus facile à amortir pour les fourmis qui n’avaient pas cédé à cette tentation.
Pour les unes comme pour les autres, et plus largement pour l’ensemble des dirigeants de la LFP, la crise est loin d’être terminée. Parce que la multiplication des variants rend la date de retour à la normale post Covid – réouverture des stades à pleine jauge… – plus qu’incertaine, d’abord ; parce que l’accord avec Canal+ ne porte que sur la fin de saison en cours, ensuite ; parce que le football français n’évitera pas une réflexion de fond de son modèle, surtout.
Comptes structurellement déficitaires (un club sur trois était dans le rouge à la fin de la saison 2018/2019), et dans lesquels les droits TV pèsent toujours un peu plus (jusqu’à 120 % ou presque de la masse salariale) ; attractivité discutable des rencontres, dès lors que l’on dépasse le cercle des quelques « écuries » ; difficulté à augmenter le taux de remplissage dans les stades… Les symptômes sont identifiés de longue date ; la situation de crise ne laisse plus la possibilité de les ignorer, et les propositions de réformes se multiplient : David Barroux (Les Echos) est allé jusqu’à décompter Dix pistes pour sauver le football français.
Dans son Dossier de ce 11 février, INSIGHT NPA s’est attaché à documenter celles qui apparaissent les plus structurantes.
Réduction du nombre de clubs participant à la Ligue 1 ? NPA Conseil a creusé l’exemple de la Bundesliga, seul des cinq principaux championnats européens à être descendu en dessous du « nombre magique » des vingt équipes en compétition.
Lutte contre le piratage ? NPA Conseil dresse l’état d’avancement des différentes initiatives annoncées sur le sujet (Projet de loi Bachelot, proposition de loi Le Grip, proposition de loi Savin). Salary cap, allongement de la durée d’attribution des droits, passage à un système de play-offs ?…
NPA Conseil a identifié les compétitions dont pourrait s’inspirer la Ligue 1 et les éventuels obstacles juridiques à franchir pour leur mise en œuvre.
Le football aussi doit se préparer au « monde d’après ». Ce dossier, espérons-le, aidera à mieux le préparer !