L'édito de Philippe Bailly

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Daily Insight 20/12/2023

Netflix, Prime Video et Disney+ ont représenté près du quart des obligations d’investissements dans la production audiovisuelle et cinématographique en 2022

Antoine Boilley, président du groupe de travail « Création et production audiovisuelles, cinématographiques et musicales » du régulateur, a tenu une conférence de presse le 19 décembre pour présenter le bilan 2022 des investissements des éditeurs de services régulés par l’Arcom dans la production audiovisuelle et cinématographique en 2022 au titre de leurs obligations. Au global, les éditeurs de services ont investi 1,56 milliard d’euros (+12,4 %), dont 1,167 Md€ (+19,3 % sur un an) dans la production audiovisuelle et 415 M€ (-3,4 %) dans le cinéma qui représente donc 26 % du total. Depuis juillet 2021, les services étrangers de vidéo à la demande par abonnement doivent consacrer 20% à 25% de leur chiffre d’affaires en France au financement de la production. Les obligations ont été respectées en 2022, première année pleine d’application de ces obligations. Netflix, Prime Video et Disney+ ont ainsi investi 345 M€, après 186 M€ en 2021, une enveloppe en progression de +118 %. L’Arcom ne donne pas de ventilation par éditeur en raison du « secret des affaires ». Les obligations des trois plateformes dans la production audiovisuelle se sont élevées à 286,8 M€ (+110 %) ce qui représente 25 % du total ; et à 58 M€ (+167 %) dans le cinéma (14 % du total). L’Arcom a également précisé le montant des investissements des Smad non assujettis aux obligations. Les plateformes ADN, Prime Video à l’acte, Apple, Canal VOD, Google Play Movies & TV et YouTube Movies & Shows (VOD à l’acte), Mediawan, NBCUniversal, Paramount et Orange VoD ont ainsi apporté 58 M€ supplémentaires. Antoine Boilley a indiqué que Crunchyroll et Apple TV+ intègreraient le régime des obligations en 2023.

Business

ProSiebenSat.1 renonce à ses Output deals avec les studios U.S au bénéfice de la production locale

ProSiebenSat.1 a précisé dans un communiqué de presse du 19 décembre sa stratégie future dans les contenus, telle que décidée le même jour par le conseil d’administration. Le groupe souhaite augmenter ses investissements dans les programmes en 2024 qui passeront à 1,05 milliard d’euros, en augmentation de 80 M€ par rapport à cette année. Cet effort sera entièrement fléché vers des contenus allemands exclusifs pour une diffusion conjointe sur les antennes linéaires et sur la plateforme de streaming Joyn. La décision s’appuie sur les succès d’audience constatés ces derniers mois pour les contenus locaux. En conséquence, ProSiebenSat.1 met fin à ses différents accords exclusif de long terme (Output-deals) passés avec les studios d’Hollywood. Les contenus sous licence américains seront désormais acquis « sur une base sélective ». Sur la base de cette décision, le groupe prévoit une charge de dépréciation très importante au quatrième trimestre 2023, pouvant aller jusqu’à 250 M€, sur les actifs de programmation existants ainsi qu’une provision de 90 M€ pour contrats onéreux liés à l’acquisition de futurs actifs de programmation. Ces deux opérations n’auront pas d’impact sur les chiffres clés ajustés du Groupe pour l’exercice 2023, notamment sur l’EBITDA ajusté. Les futures sorties de trésorerie pour les programmes, résultant principalement des contrats onéreux, auront lieu lors des prochains exercices 2024 et 2025. Le groupe en profite pour confirmer ses objectifs financiers présentés le 14 novembre dernier. Cette nouvelle stratégie de contenus de ProSiebenSat.1 est exactement celle préconisée à plusieurs reprises récemment par son actionnaire majoritaire MediaForEurope-MFE. Selon le PDG de ProSiebenSat.1, Bert Habets, « nous franchissons une étape stratégique en investissant beaucoup plus dans le contenu local pour offrir une expérience de programmation unique et surtout pour différencier Joyn des plateformes concurrentes. ».

Lire le communiqué

Vers une baisse du box-office mondial en 2024 ?

La société Gower Street Analytics prévoit une baisse de 5 % du box-office mondial en 2024, par rapport à un exercice 2023 estimé à 33,4 Mds de dollars. Selon le PDG de cet institut « la diminution attendue de 5 % sur un an n’est pas le signe d’un déclin de l’intérêt pour le cinéma, mais simplement une conséquence directe d’une disponibilité limitée des produits » faisant ainsi référence à la grève des acteurs et des scénaristes à Hollywood avec des reports de titres majeurs à 2025 (BLADE, CAPTAIN AMERICA, BRAVE NEW WORLD, FANTASTIC FOUR et THUNDERBOLTS, BLANCHE NEIGE, AVATAR 3, ELIO de Pixar, MISSION: IMPOSSIBLE – DEAD RECKONING, PART 2, SPIDER-MAN : BEYOND THE SPIDER-VERSE).
La projection mondiale pour 2024 situerait l’année en baisse de 20 % par rapport à la moyenne des trois dernières années pré-pandémiques (2017-2019) et 2024 constituerait la première année de baisse du BO depuis la reprise post-pandémique. Sur les prévisions 2024, seule la Chine se situerait en progression au regard des prévisions 2023.

L’Etat espagnol monte à hauteur de 10 % dans le capital de Telefónica

La société holding publique espagnole SEPI s’apprête à acquérir une participation de 10 % dans Telefónica à la demande du gouvernement espagnol de Pedro Sanchez à l’issue d’une réunion du conseil des ministres le 19 décembre. Cette décision s’inscrit dans la stratégie du gouvernement visant à assurer la stabilité de l’actionnariat au sein du groupe de télécommunications, alors que le principal opérateur saoudien des télécoms, STC est devenu en septembre le principal actionnaire de Telefónica en prenant une participation de 9,9 % pour 2,1 milliards d’euros. Dans son communiqué, le fonds public espagnol annonce qu’une plus grande stabilité d’actionnariat doit « permettre à l’entreprise d’atteindre ses objectifs et, par conséquent, de contribuer à protéger ses capacités stratégiques ». STC avait précisé au mois de septembre n’avoir pas l’intention de prendre le contrôle ou une participation majoritaire dans l’opérateur historique espagnol.

Contenus et services

Tennis : Eurosport (Warner Bros. Discovery) renouvelle les droits de l’ATP Tour

Après avoir déjà renouvelé les droits de l’Australian et de l’US Open, Eurosport consolide sa position dans le monde du tennis en prolongeant son partenariat avec l’ATP Tour jusqu’en 2026. Cet accord comprend la diffusion de 9 ATP Masters 1000, les Nitto ATP Finals, 13 tournois ATP 500 et 33 tournois ATP 250 sur les plateformes d’Eurosport (comprenant également les ATP Masters 1000 tels que le Rolex Monte Carlo Masters et le Rolex Paris Masters). Avec plus de 40 semaines de couverture de tennis par an, les amateurs pourront ainsi suivre les matchs tout au long de l’année sur Eurosport 1, Eurosport 2, l’application Eurosport et Eurosport.fr.

La « Casa de Canal+ » : Canal+ et Netflix s’associent autour de la sortie de Berlin

À l’occasion de la sortie du spin-off Berlin de La Casa de Papel, Canal+ et Netflix ont créé la campagne « La Casa de Canal+ » en collaboration avec l’agence BETC. La campagne met en scène un cambriolage où le « N » de Canal+ disparaît du siège de la chaîne, de myCanal et des réseaux sociaux, orchestré par Berlin, le célèbre braqueur de la série espagnole La Casa de Papel sur Netflix. Cette opération, prévue jusqu’au 31 décembre, sera diffusée à la télévision et sur les plateformes numériques. Berlin sera disponible le 29 décembre sur Netflix en partenariat avec Canal+.

Cadre juridique et institutionnel

Décrets TNT et Cabsat : l’Arcom « avance » mais ne donne pas de date pour les conventionnements

Antoine Boilley, président du groupe de travail « Création et production audiovisuelles, cinématographiques et musicales » de l’Arcom est revenu lors de sa conférence de presse dédiée au bilan 2022 des investissements des éditeurs de services sur l’application des décrets TNT et Cabsat. Si « un certain nombre de services étrangers ciblant la France » seront bien intégrés dans le champ des obligations, Antoine Boilley n’a pas voulu préciser le calendrier des conventionnements des diffuseurs français et étrangers. L’Arcom doit auparavant clarifier certaines règles à commencer par les mesures d’audience qui sont un des critères essentiels pour fixer le déclenchement des obligations. Le décret « Cabsat » prévoyait une date de finalisation des conventions des chaînes thématiques françaises ou étrangères au 30 juin 2022 et des possibilités de modulation des obligations conventionnelles que l’Arcom aurait refusé de pleinement exploiter pour les chaînes thématiques, d’après l’ACCES, ce qui a conduit l’« Association des Chaines Conventionnées Editrices de Services » à saisir le Conseil d’Etat.

Un tiers seulement des chaînes locales de la TNT dégageait un bénéfice d’exploitation en 2022

D’après le bilan annuel publié par l’Arcom, on comptait 55 chaînes de TNT locale étaient autorisées au 31 décembre 2022, soit une de moins qu’à la fin 2021 ; 42 sont situées en métropole et 13 en Outre-mer (14 en 2021).
En métropole, l’Arcom note que « le mouvement de consolidation initié par des groupes audiovisuels et de presse quotidienne et régionale s’est poursuivi avec respectivement 12 et 10 chaînes contrôlées par ce type d’acteur fin 2022 ». Quatre chaînes viaOccitanie avaient été reprises en 2021 par le Groupe La Dépêche du Midi après la liquidation judiciaire de ViàGroupe, et Altice a fait l’acquisition de six nouvelles chaînes locales (BFM DICI, BFM Nice – Côte d’Azur, BFM Toulon, BFM Marseille, BFM Alsace et BFM Normandie). En 2022 Altice a pris le contrôle de BFM Grand Lille et BFM Grand Littoral (précédemment détenues par le groupe audiovisuel Rossel).
D’après l’Arcom, le chiffre d’affaires cumulé des 43 chaînes locales hertziennes que l’autorité a pu analyser était de 78,5 M€ en 2022, dont 33,1 M€ de recettes publicitaires (moins de 1% du total des recettes publicitaires de la télévision). « L’année 2022 a été marquée par un ralentissement général de la hausse des recettes publicitaires, qui s’inscrivaient en 2021 à un niveau supérieur à celui des années d’avant-crise sanitaire ».
Sur les 43 chaînes analysées, environ une sur trois (14) affiche un résultat d’exploitation positif.

La grève se poursuit dans la production audiovisuelle française

Face aux propositions des producteurs audiovisuels permettant des augmentations allant de 163€ à 484€ par mois pour le secteur de la fiction et de 107€ à 379€ pour les autres genres, les revendications des syndicats des techniciens de la production audiovisuelles (SPIAC-CGT) et SNTPCT restent les mêmes, exigeant 20% d’augmentation pour tous, correspondant selon eux à un rattrapage des salaires. Les producteurs audiovisuels craignent de leur côté que ces demandes ne conduisent à une réduction importante des volumes de productions voire à des délocalisations.
Certaines séries, dont Trash, produite par Amazon Prime Video, sont pleinement touchées par cette grève, occasionnant retards et réécritures partielles. 11 associations professionnelles de l’audiovisuel ont profité de la journée de mobilisation du mardi 19 décembre pour exprimer leur soutien aux revendications des syndicats de techniciens de l’audiovisuel.

Voir la lettre des 11 associations professionnelles de l’audiovisuel

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