Discovery Communications, le groupe audiovisuel américain, a annoncé le 31 juillet 2017 racheter le groupe Scripps Networks Interactive. Cette acquisition, à hauteur de 14,6 milliards de dollars, va permettre au nouvel ensemble de peser davantage dans ses négociations avec les câblo-opérateurs, dans un environnement aujourd’hui malmené par la concurrence des plateformes OTT. NPA analyse l’impact de cette transaction d’un point de vue éditorial, en termes de cibles, de contenus et de création.
Complémentarité et puissance du « real life entertainment »
Les deux groupes audiovisuels proposent des programmes non fictionnels (en grande majorité), tournés vers la nature et les sciences pour Discovery et le « lifestyle » pour Scripps. Des contenus complémentaires en termes de thématiques mais également en termes de cibles. En effet, le premier réunit une audience variée, à la fois masculine (Discovery Channel, Velocity, Discovery Science) et féminine (TLC, Investigation Discovery, Animal Planet). Srcipps, quant à lui, attire particulièrement les femmes (HGTV, DIY, Food Netrwork, Travel Channel). La question pourrait alors éventuellement se poser sur le recentrage de TLC ou Animal Planet vers une audience plus masculine. Dans tous les cas, ce regroupement permet de proposer aux téléspectateurs américains un ensemble diversifié, cohérent et puissant dans le domaine du « real life entertainment ».
La fusion des deux groupes audiovisuels devrait ainsi contrôler 4 chaînes avec la moyenne la plus élevée de téléspectatrices parmi les 20 premières chaînes du câble américain[1] : HGTV, Food Network, Investigation Discovery et TLC. A noter que la valeur ajoutée de Scripps vient particulièrement de la chaîne HGTV avec une moyenne de 1,7 million de téléspectateurs en prime time (source : Nielsen, janvier à mai 2017).
Source : Nielsen – Estimation du nombre de tlsp moyen en prime time du 1er janvier au 7 mai 2017
Un groupe très incarné avec un fort potentiel international
Désormais, le groupe réunit de multiples animateurs phares (Oprah Winfrey, Bear Grylls, Giada De Laurentiis, Hannah Hart, etc.) mais aussi des marques programmes puissantes (Fixer Upper, Cake Boss, etc.). Scripps et Discovery ont par ailleurs annoncé la production annuelle de 8 000 heures de programmation originale (linéaire et non linéaire). En effet, l’objectif de ce rapprochement est également de renforcer l’offre de vidéos en ligne : les formats courts devraient ainsi être boostés selon Discovery. Du point de vue de la création, il s’agit d’une sérieuse opportunité pour l’ensemble de s’imposer aux Etats-Unis mais également dans le monde.
Clip sur les contenus du nouvel ensemble Discovery + Scripps
50% des revenus de Discovery proviennent des ventes internationales. Un potentiel de distribution sur lequel devra miser Scripps pour s’étendre de la même manière à l’étranger pour lui permettre de développer ses audiences et ses revenus. Aujourd’hui, à l’international, Scripps a déjà réalisé quelques opérations d’envergure : prise de participation (50%) dans le groupe audiovisuel britannique UKTV en 2011, acquisition de Travel Channel (principalement présent en Europe, Asie et Afrique) en 2012, rachat d’Asian Food Channel en 2013, rachat de l’entreprise TVN en 2015.
Tout le potentiel créatif de ce nouvel ensemble, qu’il soit visible sur un écran TV ou en ligne, via le câble ou via des « skinny bundles » en streaming, devrait ainsi permettre de développer une stratégie mondiale de distribution. Une stratégie qui devra être assez puissante pour faire face aux géants de l’OTT.
[1] Source : Nielsen dans le Wall Street Journal
