Le manque de mesures et de sanctions prises par l’UE fait de l’ingérence une tactique attractive pour des acteurs étrangers malveillants, affirme la commission sur l’ingérence étrangère.
Mardi 25 janvier 2022, les députés ont clos 18 mois d’enquête de la commission spéciale sur l’ingérence étrangère (INGE) et ont adopté leurs recommandations finales.
L’opinion publique européenne et les responsables gouvernementaux font preuve d’un ‘‘défaut flagrant de prise de conscience’’ de la gravité de la menace que présentent des régimes étrangers autocrates, notamment la Russie et la Chine, affirment les députés dans le rapport. Cette absence de défense a permis à des acteurs malveillants de prendre plus facilement le contrôle d’infrastructures critiques, de mener des cyberattaques, de recruter d’anciens politiciens de haut niveau et de favoriser la polarisation du débat public. Cette situation est exacerbée par les lacunes en matière de législation et le manque de coordination entre les pays de l’UE.
Contre-attaques
Pour lutter contre les menaces, les députés de la commission spéciale exhortent l’UE à mieux sensibiliser l’opinion publique via des formations ciblées pour les personnes occupant des postes sensibles et des campagnes globales d’information. En outre, l’UE devrait renforcer ses capacités et créer un régime de sanctions contre la désinformation. Les règles relatives aux plateformes de médias sociaux, qui servent de relais à l’ingérence étrangère, devraient également être renforcées.
Parmi les autres recommandations, citons:
– soutenir les médias pluralistes largement diffusés et les vérificateurs de faits;
– faire investir les plateformes en ligne dans les compétences linguistiques afin de lutter contre les contenus illicites et dangereux dans toutes les langues de l’UE;
– considérer les infrastructures électorales numériques comme des entités critiques;
– offrir des alternatives financières aux investissements étrangers directs provenant de Chine utilisés comme outils géopolitiques;
– clarifier les ‘‘relations hautement inappropriées’’ entretenues par certains partis politiques européens et la Russie;
– interdire le financement étranger des partis politiques européens;
– améliorer de façon urgente la cybersécurité, dresser la liste des logiciels espions tels que Pegasus; et
– faire en sorte qu’il soit plus difficile pour des acteurs étrangers de recruter des politiciens de haut niveau trop tôt après qu’ils ont quitté leur poste.
La commission a adopté le rapport par 25 voix pour, 8 contre et 1 abstention.
Le communiqué est à retrouver ici.